MARS le 19 Octobre 2020

Bien joué Loïck ! très belle Mars ! Pour un débutant c'est très bon.

En effet tu n'as pas besoin de Barlow avec la 178. Ces photosites sont très petits.

L'usage d'un filtre IR n'est pas très utile sur Mars sauf en période de tempête de sable. Si tu veux utiliser un filtre pour calmer un peu la turbulence un simple filtre rouge (610nm) suffira largement sans perdre trop de résolution comme c'est le cas dans l'IR.
Personnellement, soit la turbu est calme et j'image en couleur, soit ça gigote trop et j'image en rouge avec un résultat en noir et blanc.

Le Drizzle est inutile. Il sert lorsque l'on est sous-échantillonné ce qui est loin d'être ton cas. Si tu veux augmenter la taille de ton image, il est préférable de le faire au traitement avec un resize en Lanczos sur Registax ou Astrosurface.

Attention à bien décocher "debayer" dans FireCapture lorsque tu lances la capture. ça permet d'avoir des films beaucoup moins lourds et peut-être une augmentation de la cadence. Tu te retrouveras avec un film Noir et blanc avec matrice de bayer visible mais c'est pas grave. Autostakkert reconstitue ensuite la couleur en reconnaissant automatiquement la matrice de ta caméra.

Registax est bien mais dépassé par Astrosurface et son traitement par Ondelettes/Déconvolution.
Je te conseille aussi d'utiliser PIPP (Planetary Imaging Pre Processing). Un outil très performant pour manipuler les films planétaires que j'utilise beaucoup pour couper/sélectionner/convertir/recadrer/faire des animations ...
Sans parler de WinJupos, ultra puissant, qui permet de faire de la dérotation même sur Mars et te permettra de bien connaitre l'orientation de ta planète entre autres 1000 choses.

Et l'outil optique indispensable en planétaire : l'ADC.
Améliorera toujours tes détails en réalignant les rayons RVB déviés par l'atmosphère. Surtout quand les planètes sont basses.

Ma stratégie est de filmer longtemps ... très longtemps. Je fais des films de plusieurs dizaines de minutes parfois plusieurs heures. Je découpe ensuite avec PIPP en petits films que je traite un par un. Il y aura forcément dans le lot une image qui sera meilleure que les autres et avec la possibilité de faire une animation de la rotation de la planète et une dérotation par flux vidéo.

N'oublies pas que tu peux faire de l'autoguidage avec FireCapture avec un câble ST4 et une seule caméra (la même qui capture et corrige la dérive en recentrant la planète par impulsions). Tu pourras ainsi réduire la taille de ton ROI et donc réduire la taille de tes films.

Enfin je te conseille d'aller voir la série de tutoriels que Jean Luc Dauvergne a fait sur YouTube. Il ne faut pas appliquer ce qu'il fait à la lettre car sa technique est adaptée à son matériel et à son spot, mais tu y trouveras plein de petites astuces.

Bienvenue dans le monde très subtil de l'imagerie planétaire.

Bonjour Philippe,

Je tiens à te remercier pour ton encouragement qui m'a fait plaisir et me donne l'envie de continuer ! Un grand MERCI aussi pour tes précieux conseils.

Je me suis initié peu à peu à l'astrophotographie par une lecture attentive du livre de Patrick LÉCUREUIL (Astrophoto) que je trouve être le meilleur à ce jour pour débuter dans cette matière, notamment en astrophotographie lunaire et planétaire (le livre de Thierry LEGAULT est aussi intéressant mais peu aisé à lire...) Avec la caméra ASI 178MC, j'ai commencé à faire de la photo lunaire, pendant la période du confinement en mars-avril, période où nous avons bénéficié d'un bon ciel. J'utilisais alors -et utilise encore- FireCapture, en prenant soin de "débayeriser" lors de la prise de vue, à cause de la volumétrie engendrée en capture vidéo... Pour la Lune, j'utilisais un filtre rouge pour limiter la turbulence. J'aurais un jour l'occasion de te partager mes premières photos lunaires que je traitais avec RegiStax (empilement+ondelettes) ; j'ai même fait de l'assemblage de plusieurs photos avec Photoshop pour avoir l'intégralité du terminateur du premier quartier de Lune.

Pour la photographie planétaire, j'ai commencé cet été avec Jupiter et Saturne, avec mon MAK 150/1800 de SkyWatcher (SW) que j'avais emmené en vacances dans le Trièves (région à l'est du Vercors) et que j'ai monté sur une EQM 35-PRO SW. Malgré la qualité du site, la turbulence était importante et je n'avais pas de correcteur de dispersion atmosphérique (j'ai voulu en acheter un récemment, mais pas de stock...)

Concernant Mars, j'avais fait "une répétition" le 12 octobre avec mon MAK 150/1800, à 5h30 du matin, alors que Mars était à 25° au-dessus de l'horizon. Les résultats encourageants de cette première prise m'ont conduit à faire ces photos avec mon C8 Edge HD le 19 octobre. Avant cette date, j'avais visionné par deux fois les courtes vidéos de Jean-Luc Dauvergne sur YouTube sur l'astrophotographie planétaire. Elles sont effectivement de très bonne qualité pédagogique, au regard d'autres vidéos...

Pour la longueur de prise de vues, je suis un peu limité par la médiocre qualité de ma monture AVX sur laquelle est installée mon C8 Edge HD. J'utilise bien l'autoalignement de FireCapture, mais la planète sort du champ au bout de 4 à 5 minutes. J'ai commandé une AZ-EQ6, révisé par Pierro-Astro, que je n'aurai que début février 2021. Mais je suis d'accord avec toi il faut plus de temps de vidéo, comme le préconisait d'ailleurs Jean-Luc Dauvergne...

Je vais prendre le temps de m'initier à AstroSurface et au logiciel PIPP, ce dernier étant pertinent pour le "Lucky Imaging" du ciel profond, , me semble-t-il...

Encore MERCI pour ta longue et instructive réponse ! J'espère que nous pourrons nous rencontrer prochainement, pour partager notre passion commune sur les planètes.

Bien à toi et très bon ciel (si, si, cela devrait bientôt arriver...)

Loïck

Belle image de Mars en effet
Je suis d'accord avec Philippe sur tout sauf un point, le Drizzle ne sert pas, mais même pas à rattraper un sous-échantillonnage. Il faut être échantillonné correctement au niveau optique, focale de l'instrument (+ barlow ou pas) adaptée à la taille des pixels de la caméra.
Le drizzle n'est qu'une sorte de zoom arithmétique, il ne récupère absolument pas un mauvais échantillonnage au départ, à la limite il va étaler les détails sur plusieurs pixels, adoucir l'image, mais il n'y aura pas plus de détails avec...
Comme l'a fait Patrick sur un autre post, il faut maîtriser WinJupos pour passer un cap, ça fait toute la différence...
Après, il faut essayer ce que fait Jean-Luc Dauvergne, imager une étoile proche pour qu'elle serve de référence pour une déconvolution, ça a l'air très efficace ça aussi.

Ah Lionel je crois qu'on va pas être d'accord.
Théoriquement, le Drizzle sert bel et bien le sous-échantillonnage.
Mais c'est surtout vrai en ciel profond. Nicolas m'en avait fait la démonstration et c'était assez impressionnant. Ses photos de l'époque de sa 66 avec la moravian étaient "drizzleifiées" car il était sous-échantillonné. La différence était spectaculaire en gros plan sur les étoiles.
Après, il est important de signaler qu'en planétaire personne n'a jamais vraiment remarqué une réelle différence avec le drizzle.

Voici ce que dit Christian Viladrich sur astrosurf :
Çà ne sert à rien.
J'ai fait de multiple essais (Iris, Registax, Autostakert). Il n'y a aucun gain en résolution. Au mieux, un lissage du bruit du fait des interpolations.
Le drizzle a été conçu pour des images ciel profond sous-échantillonnées, ce qui n'est pas le cas des images planétaire / lunaire / solaire.

Quand il dit que ce n'est pas le cas des images planétaire/lunaire/solaire c'est que comparativement au ciel profond, l'imagerie des planètes n'est jamais vraiment sous-échantillonnée (avec des télescopes souvent à au moins F10). Par contre ce que l'on cherche c'est en quelque sorte un très fort sur-échantillonnage (toujours comparativement au ciel profond).
Au final je répète ce que j'avais dit : si on veut agrandir l'image, il est préférable d'utiliser un resize lanczos au traitement. En plus on peut choisir très précisément le grossissement que l'on souhaite. Avec la 224 je m'en servais même pour réduire.

Et voici ce que dit Christophe Pellier également sur astrosurf :
J'ai un léger mieux avec le drizzle d'AS2, sur des images légèrement sous-échantillonnées (0,28"/pix), en binning 2x (ça a peut-être son importance). C'est une config que j'utilise quand la turbu est forte, les résultats sont un peu meilleurs qu'en binning 1 sans drizzle.

Le drizzle ne sert qu'à agrandir l'image en lissant les détails, l'image parait plus fine, mais les détails qui n'y sont pas à cause d'un sous-échantillonnage n'y seront pas plus après le drizzle, perdu, c'est perdu...

Oui c'est vrai, perdu c'est perdu.
Le drizzle va quand même essayer de donner l'impression de reconstituer un bon échantillonnage par un petit tour de passe-passe arithmétique et il y arrive un peu en ciel profond en afinant l'image. Ce qu'il n'arrive pas à faire en planétaire.
Le plus simple et le plus important est d'être au bon échantillonnage dès le départ, optiquement.

Attention si on veut agrandir l'image au traitement, un simple zoom ne fonctionnera pas.

C'est ça. On peut affiner les transitions en interpolant, ça donne l'impression d'une amélioration, mais ce n'est qu'esthétique.
Un simple zoom n'apporte pas plus de détails non plus, mais surtout il accroît la pixélisation, c'est pourquoi ça paraît moins beau...